Ressources naturelles : Les communes n’en profitent pas
Les communes camerounaises richement pauvres
Depuis le lancement de l’exploitation des ressources naturelles du sol et du sous-sol du Cameroun, les communes de ce pays d’Afrique centrale tardent encore à sortir du sous-développement. De telle sorte que ce riche potentiel présente des paradoxes qu’il faut corriger avant l’épuisement progressif de certaines ressources certes nationales mais qui se trouvent bien dans les territoires locaux du Cameroun.
Il est possible de dire que le Cameroun est une Afrique en miniature sur le plan des ressources du sous-sol et du sol Africain se trouve dans ce pays situé en Afrique centrale. D’ailleurs une bonne partie de son territoire fait partie du Bassin du Congo, la seconde réserve forestière de la planète après l’Amazonie, selon les estimations. L’exploitation de cette forêt est de plus en plus réglementée tant sur le plan national que sur les modalités d’implémentation à partir de la base, constituée de la commune, l’institution territoriale présentée comme stade de départ du développement économique dans le pays.
À ce jour, l’on compte 11 forêts classées et aménagées à l’échelle nationale. Elles se trouvent pour l’essentiel dans la partie sud du pays. Avec Yokadouma, 22 206 hectares (ha), Gari Gombo, 34 199 ha, Moulondou 42 612 ha, Djoum 15 270 ha, Dimako, 16 240, Messondo 16 864 ha, Dzeng 21 212 ha, Minta 41 087 ha, Nanga Eboko 20 000 ha, Messamena 18 087,5 ha, et Mindourou 18 420 ha. Ces forêts ont la particularité d’être classées, aménagées et en exploitation depuis plusieurs années.
« Or vert »
À côté de ces forêts en cours d’exploitation, se trouvent celles en cours d’aménagement. Dans les régions du Centre, du Sud et de l’Est et du Littoral. Il s’agit des localités de Yoko où 29 500 ha sont en cours d’aménagement. Lomié avec ses 15 190 ha suit le même processus. Tout comme les localités de Ndikiniméki (20 000 ha), Akom II (11 626 ha), Efoulan (5600 ha), Ngambé (17 326 ha), Ndom (1 618 ha), Nyanon (1 451 ha), Mvangan (33 720,5 ha). Dans le même temps, 11 autres forêts sont en instance de classement puisque la phase de terrain est achevée et l’on attend le décret de classement imminent du Premier ministre. Il s’agit des forêts communales d’une superficie totale de 322 985 hectares. Elles sont situées dans les communes d’Ambam (44 620 ha), Batouri (14 152 ha), Nguti (11 919 ha), Mudemba (36 210 ha), Salapoumbé (22 841 ha), Doumaintang (37 966 ha), Doumé (40 602 ha), Meyomessi (22 290 ha), Mintom (40 000 ha), Ngoyla (32 000 ha), et Oveng (20 385 ha). Dans d’autres communes, le processus de classement reste bloqué pour des raisons diverses. C’est ainsi que les localités de Mbang, Ebolowa, Sangmélima en passant par Mengong, Biwong Bulu, Mvangan, Ndélélé, Ngog Mapubi. Diban et Bengbis doivent encore attendre. La superficie cumulée pour cette dernière catégorie est estimée à 132 510 hectares. 133 716 autres hectares sont aussi en cours d’identification dans d’autres localités. Il y a 12 006 ha à Ayos, 22 120 ha à Angossas, 23 064 ha dans la zone de MassockSongloulou, 11 298 ha dans la commune de Makak, 25 110 ha à Yingui. Une superficie presque identique dans la commune d’Endom et 14 453 hectares à Biwong Bané dans la région du Sud. À l’échelle nationale, les régions du Centre, de l’Est, de l’Extrême Nord, du Littoral, du Nord, du Nord-ouest, de l’Ouest et du Sud-ouest hébergent des réserves forestières classées et transférées aux communes. Leur aménagement est en cours sur une superficie cumulée de 115 086 ha. Fer, Bauxite, Diamant, Or Dans le domaine des mines, le Cameroun présente aussi un potentiel important en matière de ressources dont l’exploitation n’est que rudimentaire, d’autres étant encore en exploration. Dans ce registre, selon les estimations publiées par le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique (MINMIDT), il existe un gisement de Cobalt-nickel de classe mondiale dans la localité de Lomié. Le projet d’exploitation est porté depuis 2002 par la société Géovic. Les réserves estimées correspondent à 68 millions de tonnes avec une proportion de 0,26% de cobalt, 0,66% de nickel et 1,48% de manganèse.
Concernant la bauxite, des indices sont perceptibles dans la localité de Minim-Martap à hauteur d’un milliard de tonnes. Ngaoundal présente aussi un potentiel de l’ordre de 120 millions de tonnes. Le projet est porté par Cameroun Alumina Limited avec un coût estimatif de 5 à 6 milliards de dollars. 2 500 à 3 000 emplois directs sont attendus. Dans la localité de Fongo Tongo, 46 millions de tonnes de bauxite ont été découverts. Le fer n’est pas en reste. Trois grands gisements sont sur la “table à Mamelles” avec un potentiel estimé à 340 millions de tonnes, et Mbalam, 220 millions de tonnes. Mais c’est le fer de Nkout qui fait l’objet de toutes les convoitises avec 1,19 milliard de tonnes attendues sous forme de ressources indiquées, 1,33 milliard sur forme de ressources inférées et 25 millions de tonnes sous forme de DSO.
L’exploitation artisanale du diamant prospère dans la zone frontalière avec la République centrafricaine. D’autres régions de l’Est comme Ketté, Boubara, Lom, Boumbé 2, Betare Oya, Yakadouma et Gari Gombo présentent aussi un fort potentiel. Mais les bons signes viennent de Mobilong où la C&K Mining opère sous le sceau d’une certification. Sa première exportation remonte à janvier 2013. De ce gisement, l’on attend environ 750 millions de carats. Tandis que l’inves tissement prévu tourne autour de 250 millions d’euros sur 25 ans.
À côté du diamant, 140 cibles ont été décelées dans le domaine de l’exploitation de l’or. Les points concernés se trouvent à Yokadouma, Lom, Mbéré, et dans le Mayo Rey. D’autres projets d’exploration et d’extraction d’or ont cours dans les localités de Batouri, Tcholliré, Akonolinga, et Rey Bouba. Un groupe britannique conduit ce projet sur le terrain. Tout comme l’entreprise chinoise Fametal Mining Ressources Cameroon est en phase d’exploration à Mang, Boulou et Mompwe dans la région de l’Est. La Sudafricaine, Camino a des permis d’exploration d’or dans la région du Nord du pays. Selon les publications du MINMIDT, le sol et sous-sol des localités camerounaises ont d’autres pierres précieuses. À commencer par le Saphir à Tignère dans la région de l’Adamaoua, à Mamfé dans le Sud-Ouest et dans les rivières Munya et Nsananarikati.
Il y a aussi l’étain dans le Mayo Darlé situé toujours dans l’Adamaoua. La rivière Dja, dans le Sud-est du Cameroun contient la monazite, une terre rare. Pour mettre en valeur ce riche potentiel, 166 permis de recherche sont délivrés, cinq permis d’exploitation minière aussi. Tandis que 70 autres sont délivrés dans le domaine de l’exploitation de carrières. Des ressources naturelles qui bien qu’appartenant à l’Etat du Cameroun, sont logés dans des localités où les populations attendent directement l’amélioration de leur condition de vie. Ce qui n’est pas encore le cas au regard du comportement de plusieurs acteurs impliqués dans l’exploitation des ressources naturelles dans nos territoires locaux. A l’exception du pétrole, les autres activités liées à l’exploitation de ces ressources naturelles sont pourtant appelées à faire bénéficier les populations locales de l’avantage de résider dans sur une terre riche.
Malversations
Se pose donc un problème de gouvernance dans la mise en valeur des ressources naturelles au niveau local. Les élus ne sont pas éloignés des questions de mal gouvernance. L’on a encore en mémoire la condamnation à 30 ans de prison en 2011 de Paulin Abono Moampamb, maire de la commune de Yokadouma de 2002 à 2007. Ce dernier dont la commune fait figure de pionnière et de bénéficiaire de redevances forestières à hauteur du milliard de FCFA a été rattrapé pour une affaire de détournement de plus de 1,248 milliards FCFA. La conséquence est que sur le terrain, la commune de Yokadouma présente le visage d’un sous-développement en déphasage avec le potentiel naturel qui la caractérise.
Dans d’autres cas, ce sont les entreprises engagées dans l’exploitation des ressources qui gardent une main mise sur la ressource naturelle, sans en faire bénéficier aux populations locales. L’exemple des Cimenterie du Cameroun (CIMENCAM) détenues à 43% par l’Etat du Cameroun et le Groupe Français Lafarge montre bien les réalités de l’exploitation des ressources naturelles au Cameroun. Les populations de la commune de Figuil n’ont pas encore tiré véritablement profit de l’exploitation de la matière première de fabrication de ciment située dans leur localité. Le prix du ciment, produit fini, est prohibitif pour les populations riveraines des lieux d’extraction du pouzzolane. Ce qui se justifie bien par l’absence de coordination que l’on observe sur le plan règlementaire dans les différents domaines au Cameroun. Une « mafia » semble orienter les actions de différents acteurs impliqués dans la chaîne réglementaire. Tant sur le processus d’exploitation que sur les mécanismes de paiements et transferts infranationaux aux bénéficiaires : communautés locales et communes respectives.
Dans d’autres cas, l’on constate des incohérences entre la loi des finances et les différents textes et codes qui président la mise en valeur des ressources naturelles par des entreprises qui se recrutent pour l’essentiel à l’étranger. Autant de manquements parmi tant d’autres qui fontt le mauvais mariage entre ressources naturelles et pauvreté dans la grande frange des localités camerounaises.
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