Ile de Gorée : Entre force de l’histoire et developpement local
Classé patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1978, l’ile demeure un sanctuaire vivant pour les aventuriers de toutes les contrées en terre sénégalaise. Le lieu devenu emblématique par la puissance des faits, est également cité en exemple lorsqu’on convoque le developpement de proximité.
Niché à plus de 4kms de la cote face au vieux Dakar, capitale du Sénégal, l’Ile devient visible dirait-on comme un musée apposé sur les flots. Pour s’y rendre, rien d’obstacle majeur pour les amoureux de la curiosité. Il faut faire environ 500m à la marche venant du centre-ville, afin de joindre le débarquadaire cloisonné comme une gare routière. Ici, entre touristes, locaux, toutes les cultures se joignent pour la grande aventure. Les prix pratiqués me fait savoir le guide qui nous accompagne, sont de trois ordres, d’abord ceux pour les locaux, ensuite les touristes africains, et enfin pour les étrangers non africains.
Une organisation des plus strictes, lorsqu’on sait qu’il ne s’agit pas d’un lieu anodin. Le tourisme fait la force de l’Ile. Il va falloir débourser la somme de 2700FCFA (Ouest africain) pour obtenir un ticket aller-retour. Une fois obtenu, je me dirige vers le ferry affrété déjà pour la traversée : Il sera seize heures dans moins de 5 minutes cette journée du 28 juin 2019. Les horaires de départ de la ville pour Gorée sont connus, et ceux dans le sens inverse, sont callées respectivement pour 18h et 19h en fin d’après-midi. Des sortes de policiers de voyage en uniforme nous tendent la main afin de nous aider à monter.
Signalement, nous sommes à bord avec des touristes français, marocains et d’autres nationalités des locaux, et quelques élèves présents vraisemblablement pour une excursion scolaire. C’est parti, nous retenons notre souffle.
Au fur et à mesure qu’on avance sur l’Océan Atlantique, nous apercevons au loin la capitale Dakar. Dans le parcours, des navires, des ferry, et autres embarcations commerciales sont stationnées. Ce qui attire mon attention, c’est le navire frappé du sceau de la puissante famille monégasque Grimaldi qui est en arrêt. Alors je me dis, que les affaires du royaume de Monaco prospèrent comme tout autre au Sénégal et confirme ma thèse de l’encerclement multilatéral. Bref, je ne m’y attarde pas trop, le ferry prend quelque peu de vitesse, il fait beau temps et mon impatience grimpe.
Près d’une quinzaine de minutes, le bateau qui fait office de transport négocie le virage pour amarrer sur l’Ile, puisqu’étant interdit de venir de face, pour cause des câbles sous-marins seraient installés à cet endroit pour la fourniture d’électricité me fait savoir le guide.
Des lampes perchés hors de l’eau avec des ampoules, sont proches des côtes et s’illuminent la nuit très certainement pour permettre aux embarcations privées de fonctionner une fois la soirée venue. Ça y est, nous sommes à destination. Je remarque au loin près des plages, des enfants et jeunes qui s’adonnent à la nage sans s’éloigner par mesure de prudence. Côté gauche, une file d’attente de personnes qui viennent de terminer leur visite, sont alignées afin de quitter Gorée. Nous entamons la nôtre.
Tourisme à Gorée, comment survie la Commune ?
D’abord placée sous l’administration française avant 1960, les habitants de Gorée étaient de facto des citoyens français. Mais depuis les indépendances, Gorée dépend du Sénégal et possède sa propre commune, et fonctionne comme un « ilot-Etat » pour le plus grand bonheur des sénégalais. Chaque visiteur verse la somme de 500FCFA représentant la taxe communale.
D’ailleurs, le guichet de paiement, se trouve juste en face de l’entrée de l’Ile. Cette taxe communale, aide la Commune de Gorée, à prendre soin des infrastructures de base qu’elle abrite. Je suis frappé par une chose : la propreté de la Grande ile. Du sable, et un grand anneau rouge en forme de cœur accueille les visiteurs, qui pour marquer le séjour, s’adonnent à des selfies et photos souvenirs. Le guide crie à l’organisation, et nous fait un briefing de circonstance afin de préparer le groupe. Gorée, tel que martelé dans des livres, des films, séries, je vais enfin le découvrir en live. Une bouffée d’émotion m’envahit mais surtout un sentiment d’être en face d’un héritage historique éternel. Doucement, nous longeons les rues de l’Ile qui pour la plupart font en moyenne 2 à 3 mètres, avec des habitations faites en roche basaltique tout comme une partie des ruelles.
Du bio dans des constructions qui ont l’avantage pour les occupants, de voir leurs maisons prendre de la fraicheur dans la nuit, contrairement aux édifices construits aujourd’hui en parpaings. Nous nous arrêtons à une intersection dite de la maison blanche, et où est apposé un monument ou l’on aperçoit des figurines noires enliassés comme un signe de fraternité. Nous continuons la ballade, de là nous approchons de la fameuse Maison des esclaves, il faut débourser 500 FCFA pour la visiter. J’apprends que la somme sert de frais d’entretien et de symbole touristique aux visiteurs. Il est clair que l’Office du Tourisme sénégalais en partenariat avec le Ministère de la culture, jouent ensemble un grand rôle pour la perpétuation vivante du site. Toutefois les initiatives de la Commune de Gorée prises à la base sont de natures à impliquer les habitants pas nombreux de l’Ile, à la maintenir en état.
Comme tout autre commune, elle dispose d’un commissariat de police, d’un Centre de santé qui accueille moins de deux patients par jour, des commerces, échoppes, un marché artisanal ou les artistes locaux exposent leurs tableaux
et autres productions. Ici, les marchands sont pour la plupart mobiles, et proposent aux touristes des articles-souvenirs pour toutes les bourses. Des bracelets aux porte-clés, colliers de toutes sortes, écharpes, tissus et vêtements traditionnels, tout est fait pour captiver l’attention, mais avec un objectif bien plus marqué : sauvegarder l’économie locale.
Arrêt majeur. La Maison des esclaves, de ce bâtiment d’un étage, avec des escaliers de part et d’autres, construit par les colons en 1840. Aujourd’hui rénovée, elle conserve toujours l’odeur des cris et tristes souvenirs des esclaves qui y étaient entassées par milliers dans ces cages inhumaines.
Pour les chanceux, ils empruntaient la « Porte du Non-retour » dont la légende interdit à tout visiteur de traverser. De l’autre côté, on peut y voir, les vagues venir frapper couramment les rochers, et la digue élevée à cet effet, afin de protéger ce patrimoine national et mondial. L’UNESCO dispose à Gorée de fonds pour son entretien chaque année. Un coup de pousse qui a placé l’Ile parmi les trois premières infrastructures africaines à bénéficier de ce rang magistral au sein de la planète.
A l’intérieur, un musée de mémoires, avec des inscriptions dressées sous forme de tableaux, de roll up traditionnel ou sont marqués les itinéraires des déportés, esclaves et significations des lieux de vie.
Des objets aussi, font partis du décor, comme des cannes, des fouets scellés, des armes dites « des esclaves », des bracelets avec lesquels les déportés étaient enchainés, le tout dans des armoires à verre pour permettre aux curieux d’observer et de méditer. Des inscriptions murales, rappellent que de grands noms sont aussi passer par ici, signant un livre d’or, à l’image de Barack Obama, ancien président américain et bien de dignitaires.
S’il y’a une chose que l’Ile conserve depuis des années, c’est son attractivité. Les autorités locales, ont tenus à agencer sanctuaire et pouvoir touristique, et en cela, la Commune de Gorée a su réussir son pari. La préservation de l’environnement fait aussi partie des habitudes de cette contrée.
Puisque les déchets et autres types d’ordures ici sont transformés en compost, qui est utilisé au sein des terres, afin d’avoir des cultures bio, notamment la salade, la tomate, le piment, etc…Les « goréens » pratiquent aussi du petit élevage, et la nourriture des bêtes est rapidement trouvé sous son sol.
Nous ne saurions partir, sans visiter l’arsenal de guerre historique posé en hauteur, de deux canons, qui servait de défense aux bateaux envahisseurs ou qui se sentaient trop curieux vers la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui, ces installations ont été démantelées, et il ne reste que l’armature en guise de souvenirs.
Un reportage de Manfred Essome depuis Dakar, Sénégal
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