Une tripartite reconfigure les rapports
A Dakar, une réunion a réuni les ministres de la Caddel, les élus locaux et les partenaires au développement, inaugurant une nouvelle ère.
L’Afrique unie est un projet et une nécessité», a-t-on entendu à Dakar et ce n’est pas une première. Mais pour une fois, c’est l’image de l’unité qui a été donnée lors de la réunion tripartite du 08 décembre au King Fahd Palace. Les élus locaux étaient unis pour poser leurs problèmes à la douzaine de ministres présents et aux partenaires au développement. L’exercice a consisté pour chaque partie à poser trois questions aux deux autres parties.
Les bailleurs en attendant les Etats
Les discussions ont donné l’occasion aux partenaires au développement, appellation préférée à «partenaires techniques et financiers» de préciser leur engagement auprès des villes pour le développement de l’Afrique.
C’est le discours des ministres qui peut laisser filtrer quelque inquiétude. Déjà, les pays francophones ne décentralisent pas comme les pays anglophones. Les experts qui ont étudié l’histoire de la gouvernance locale en Afrique l’expliquent par l’héritage colonial. D’ailleurs, lors de ce sommet Africités, un outil présenté par la Conférence africaine de la décentralisation et du développement local (Caddel) l’a souligné avec force détails. Il s’agit des Trajectoires de la gouvernance locale en Afrique, ou en anglais African Local Governance Timeline, cf. page 7).De même quand les pays francophones peinent à financer les collectivités locales à hauteur de 5% du budget de l’Etat, des pays anglophones tutoient les 30%.
Pourtant dans les deux systèmes, des mécanismes d’appui, d’accompagnement et de financement des collectivités ont été mis sur pied avec parfois un avantage à certains pays francophones qui y sont songé il y a près de quatre décennies (exemple du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale au Cameroun).
Les Etats souhaitent cependant clarifier leurs positions sur les avancées à effectuer en sachant ce que leurs interlocuteurs pro- posent. La tripartite a ouvert le débat mais les prochains mois et les prochaines années devraient permettre d’avoir des réponses palpables. Ces questions adressées aux élus locaux touchent à la diminution de la dépendance financière des collectivités locales vis-à-vis de l’Etat ainsi que l’amélioration de leurs recettes propres; les attentes des élus locaux vis-à-vis du Haut conseil des collectivités locales et son rapport à la Caddel; la perception qu’ont les élus locaux de l’autonomie des collectivités locales. S’adressant aux partenaires, les interrogations des ministres ont porté sur le type d’accompagnement dont peut bénéficier la Caddel dans la mise en œuvre de son plan d’action stratégique; le type d’appui qui peut être développé en matière de coopération décentralisée et de coopération transfrontalière et enfin des précisions sur les formations des cadres locaux et nationaux en matière de décentralisation et de développement local.
Toutes ces questions n’ont pas eu de réponses absolument satisfaisantes, mais ont permis de savoir qu’il existe des passerelles qui ne demandent qu’à être explorées.
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